Bizz’Art, la soul en partage
10.10.2024
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Un troisième album en deux ans, des tournées qui se succèdent sans interruption, êtes-vous des hyperactifs ?
Ha, ha, nous sommes amitieux c’est sûr, mais restons des êtres humains. Il y a une tendance de nos jours à vouloir du neuf tout le temps. Si tu veux que ton groupe ait du succès, tu dois être prolifique et ne jamais t’arrêter sous peine de perdre le momentum. C’est une résurgence de la scène américaine du blues dans les années 1970 quand toutes les légendes du blues, bien vivantes et en bonne santé à l’époque, ne cessaient de tourner et enregistraient un nouveau disque tous les ans. Certains étaient exploités par les maisons de disques qui leur imposaient des cadences infernales. Les gens nous demandent souvent pourquoi nous faisons tout ça de façon si concentrée, mais la réalité est que le public est très exigeant et insaisissable. À l’ère des réseaux sociaux, les gens sont distraits pour un rien. Si tu veux être celui dont on parle, tu dois être plus que présent dans tout ce que tu fais.
Comment faites-vous pour être si productifs ?
Tu dois être organisé et ton équipe aussi. C’est comme dans la structure d’une entreprise, mais en gardant à l’esprit qu’au bout du compte, c’est juste faire de la musique. Bien sûr, tu dois avoir une prédisposition pour la vie en tournée, le travail acharné et la capacité à prendre soin de toi, sinon tu dois apprendre à savoir comment gérer tout ça. En ce qui me concerne, je n’organise pas tellement mon temps autour de l’écriture, mais dès que l’inspiration me vient, j’arrête tout ce que je fais d’autre et essaie de noter tout ce que j’ai en tête, pour pouvoir y revenir par la suite et peut-être qu’une chanson en sortira. Un disque n’a besoin que d’une dizaine de chansons, ce n’est pas si inatteignable que ça en fait.
Le nouveau disque “Almost Exactly…” contient du blues mais peut-être moins en proportion que sur les précédents, ce qui n’est pas un reproche. Il y a beaucoup d’autres saveurs, soul, gospel, rock. Pourquoi ce choix ?
J’ai bien conscience que quand nous écrivons de la musique ces derniers temps, elle peut être jugée comme de moins en moins traditionnelle, mais je pense que les gars et moi sommes très amoureux de la musique au sens large et aimons beaucoup de styles différents. À mes oreilles, tout ce que nous faisons est bluesy, en tous cas de la façon dont nous interprétons le blues.
Les arrangements, et donc le son, sont plus riches, avec des cuivres, des percussions, des guitares distordues, des pédales d’effet, des chœurs, qui donnent une saveur rock des années 1970.
Ce n’est pas ma faute, je le jure ! Nous voulions être simples et soignés, mais quand nous sommes entrés dans le studio à Woodstock, il y avait toutes ces pédales, ces amplificateurs, tous ces instruments, nous nous sommes juste un peu laissés emporter. Le producteur Rich Pagano ne nous a pas freinés, au contraire, il nous a encouragés à chercher un son et des arrangements un peu en dehors du monde blues.
Vous avez un programme de tournée très chargé, avec des concerts en France et en Allemagne, est-ce qu’on peut dire que le futur s’annonce bien pour les Cinelli Brothers ?
Le présent s’annonce bien cher ami, et c’est tout ce qui compte. Nous ne nous préoccupons pas du futur, mais juste du quotidien. Nous nous concentrons sur le concert de ce soir et essayons d’être les meilleurs possibles. D’un autre côté, nous sommes très reconnaissants pour toutes les possibilités qui nous ont été offertes cette année. Nous adorons être en tournée et promouvoir notre musique partout dans le monde.
Propos recueillis le 6 mars 2024 par Christophe Mourot
Photo de couverture © Tom Sandall
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