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Hommages / 01.05.2020

Tony Allen (1940-2020)

Figure majeure de la “great black music”, tardivement mais unanimement reconnu pour l’influence de son jeu polyrythmique, le batteur nigérian Tony Allen a vécu, au long d’une carrière qui traverse six décennies, plusieurs vies musicales.

Très influencé dès sa jeunesse par le jazz américain – et notamment par Max Roach et Art Blakey –, il fait ses débuts de percussionniste au sein des Cool Cats du trompettiste Victor Olaiya avant de rejoindre au milieu des années 1960 les Koola Lobitos de Fela Kuti, rebaptisés ensuite, au fur et à mesure de l’évolution musicale de l’ensemble, Africa 70. Les polyrythmies d’Allen, empruntant aussi bien au jazz qu’aux rythmes du Jùjú yoruba, contribuent largement à poser les bases de l’afrobeat, que Fela déclinera ensuite toute sa carrière. Directeur musical du groupe en plus d’en être le batteur, Allen est évidemment de tous ses enregistrements et de tous ses concerts, et publie à partir du milieu des années 1970, une série de disques sous son nom avec l’orchestre et la participation de Fela.

Mécontent du manque de reconnaissance de la part de son leader, il quitte Africa 70 à la fin des années 1970 et se lance dans une carrière personnelle qu’il poursuit après son installation, au milieu des années 1980, à Londres puis à Paris. Longtemps confiné sur le circuit des musiques “africaines”, il doit attendre la fin des années 1990 pour connaître une plus large reconnaissance, que la popularité renouvelée de l’afrobeat et le parrainage de Damon Albarn (qui l’inclut notamment dans ses projets The Good, The Bad & The Queen et Rocket Juice & The Moon) ne cesse de renforcer.

Désormais bien installé sur la scène internationale, il fait évoluer sa musique vers une orientation jazz plus marquée, concrétisée par sa signature avec Blue Note qui publie notamment son album “A Tribute To Art Blakey And The Jazz Messengers”. Paradoxalement, c’est ce registre plus sage qui lui ouvre enfin, après des années de lieux petits et moyens, les portes des plus grandes salles et des festivals majeurs. Friant au fil des années de collaboration en tous genres, c’est par un disque en association avec Hugh Masakela, sorti mi-mars, que se clôt son abondante et très diverse discographie.

Texte : Frédéric Adrian
Photo : X / DR

Frédéric AdrianTony Allen