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Chroniques / 30.09.2024

Vanessa Collier, Do It My Own Way

Vanessa Collier a toujours “Fait les choses à sa manière” et chacune de ses publications est l’occasion d’affirmer sa différence. Jalouse de son indépendance, l’Américaine a supervisé chaque détail de ce nouvel essai studio, son premier depuis le déjà très réussi “Heart On The Line” de 2020. Il en résulte un recueil éclectique, conforme à son désir de ne pas se retrouver enfermée dans le carcan de la “blueswoman au saxophone”. 

Du funk rentre-dedans ­d’Elbow grease au blues rock de la chanson-titre, édifiée sur un puissant riff de guitare dont elle a fait son principal instrument d’écriture, en passant par la soul de Take me back, délicieusement sudiste, ou de Wild as a ­rainstorm, d’essence plus philadelphienne, Vanessa démontre avec maestria son aptitude à investir tous les styles. Elle confirme aussi ses facultés d’autrice-compositrice. Rédigés avec finesse, ses textes adoptent un point de vue narratif dénué de poncifs. Tout en nuances, ils suggèrent plus qu’ils n’affirment : féminisme, équilibre rapports hommes-femmes, résilience… Brillante aux cuivres (phrasé bien articulé, sonorité claire et précise, improvisations débordantes d’énergie évoquant par leur vocabulaire et leur intensité ­Cannonball Adderley ou Maceo Parker, pertinence des arrangements) ainsi qu’à la flûte (Wild…), elle semble avoir franchi une étape supplémentaire en termes de capacités vocales, se révélant aussi à l’aise dans le gospel (son morceau hommage à Sister Rosetta Tharpe), les envolées jazzy (la mélancolique Just one more) ou le folk blues slidé à la Bonnie Raitt (Warrior).

Bien qu’un peu court (huit plages), cet album s’affirme comme un nouveau sans-faute pour cette artiste qui construit depuis une décennie un répertoire solide et convaincant, respectueux du passé, mais avant tout contemporain par sa fraîcheur et son esprit de synthèse.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Phenix Fire
Sortie : 13 septembre 2024